La cause semblait entendue.
Jérôme Cahuzac, qui avait en charge le budget de la France et la lutte en France contre la fraude fiscale, a reconnu ce 2 avril 2013 avoir menti de manière effrontée pendant de très longs mois à l'ensemble des Français et avoir lui même bénéficié de comptes non déclarés à l'étranger depuis une vingtaine d'années.
Ce mensonge révélé, cette corruption, cette trahison furent un coup de tonnerre dans la République, comme un coup de poignard dans la démocratie.
Et puis soudain, rien. Après avoir caché le fait, voudrait-on maintenant le minimiser?
Les protections qui étaient à l'oeuvre, entre le moment où les doutes ont surgi sur la place publique, et, après de longs mois, où l'action en justice s'est engagée, sont-elles de nouveau activement à l'oeuvre?
Ce n'est pas ainsi que la confiance dans la démocratie, entre le peuple et ses représentants, entre la France et sa classe dirigeante, va revenir.
Compte tenu des faits et des comportement constatés, la seule issue possible pour permettre le retour de la confiance c'est le retour anticipé aux urnes de nos concitoyens.
Pour se dissocier nettement et clairement du comportement de Jérôme Cahuzac, ancien Ministre du Budget, et ancien Président de la Commission des Finances de l'Assemblée Nationale, l'ensemble des membres du Gouvernement, et l'ensemble des députés, auraient dû, compte tenu de l'ampleur de la trahison, démissionner en bloc dès les premiers jours qui ont suivi l'aveu de Jérôme Cahuzac.
Les citoyens de France auraient salué un tel acte de courage et de défense de notre démocratie. Etant entendu par ailleurs que la Justice doit aller au bout de son action pour la condamnation des actes commis par Jérôme Cahuzac. Mais cette action en justice ne peut en aucun cas se substituer à l'action de protection et de défense de notre démocratie.
Or il n'en a rien été et très peu d'acteurs, quelques uns dans l'opposition, mais très très timidement, et encore moins dans la majorité, ont émis une telle éventualité.
Et Jérôme Cahuzac oserait même dire, selon le Président de l'Assemblée Nationale, cité par plusieurs médias ce vendredi 5 avril, qu'il aurait la prétention de ne pas renoncer à son siège de député!
Comme si le fait , après un simulacre de demande de pardon, devait être clos, comme s'il n'avait jamais existé, comme si l'espoir de l'oubli devait autoriser la mainmise du pouvoir.
Car en agissant de la sorte, il s'agit d'une mainmise abusive sur notre démocratie, sur notre république.
L'assise démocratique du Président de la République, comme celle de nos députés, repose en premier lieu sur un pacte de confiance avec le peuple de France.
Mais ce pacte est aujourd'hui rompu.
En refusant, tant qu'ils pouvaient le faire, dès les premiers jours après l'aveu de Monsieur Jérôme Cahuzac, de se dissocier clairement du comportement de l'ancien Ministre du Budget et de l'ancien Président de la Commission des Finances de l'Assemblée Nationale, par la démission en bloc du Gouvernement, et par la démission des députés de l'Assemblée Nationale, les membres du Gouvernement et les députés ont, par leur immobilisme et leur dos rond au-delà des discours, rompu ce pacte.
Le Président de la République lui même, qui en dernier recours, avait encore la possibilité de procéder à un remaniement complet du Gouvernement, et à la dissolution de l'Assemblée Nationale, n'a pas su l'engager à temps.
Désormais, l'assise démocratique de notre classe dirigeante est donc perdue.
La transition va être de plus en plus difficile à gérer, car les extrémistes et populistes de tout poil vont vouloir et pouvoir s'engouffrer dans la brèche tandis que les opportunistes et vautours de tout poil vont vouloir dépecer les restes de notre douce France.
La résistance est de rigueur en faveur d'un sursaut démocratique et républicain.
A cette fin, l'exigence d'un retour anticipé aux urnes demeure malgré tout plus que jamais d'actualité, avec en perspective, l'espoir et l'espérance d'une nouvelle société de confiance pour la France.