L'avancée ce jour des troupes terrestres de l'armée malienne, appuyée par l'armée française, dans le Nord du Mali, ne respecte pas les étapes préalables inscrites dans la résolution 2085 des Nations Unies, pour permettre le déploiement de forces internationales de soutien au Mali dans le cadre de cette résolution pour reconquérir le Nord Mali.
Cette résolution souligne en effet, en son article 10, l'impérieuse nécessité, en amont de toute reconquête militaire du Nord Mali, avec un soutien international, des préalables suivants:
- la restauration du processus politique permettant la reconstitution de l'Etat malien et l'exercice de sa souveraineté sur l'ensemble de son territoire, et l'engagement de négociations avec toutes les parties impliquées localement dans le conflit dans le Nord Mali et ayant coupé tout lien avec des opérations terroristes
- la mise en place de dispositions permettant de faire garantir par les forces armées d'intervention le respect des droits de l'homme et la protection humanitaire des réfugiés qui vont être de plus en plus nombreux avec l'extension potentielle du conflit (déjà 150 000 réfugiés selon l'ONU et 230 000 personnes déplacées dans le conflit du Mali)
- la mise en oeuvre opérationnelle des forces africaines d'intervention en charge d'assurer le pilotage de l'appui aux forces maliennes.
Sur ces trois points, aucune visibilité n'est donnée. En particulier, concernant le dernier point, la réunion hier 19 janvier 2013 à Abidjan en Côte d'Ivoire des 15 Etats d'Afrique de l'Ouest au sein de la CEDEAO (ECOWAS) a seulement conduit à un appel au financement vis à vis des pays tiers, sans déboucher sur une mise en place opérationnelle concrète d'une force de soutien africaine au Mali.
Après avoir stoppé la dégradation de la situation en aidant l'armée du Mali à arrêter les colonnes de terroristes qui se dirigeaient vers le Sud Mali, pourquoi la France soutient dès ce jour la reconquête par l'armée du Mali du Nord Mali, territoire deux fois plus étendu que la France, sans aucune garantie d'avancée sur aucun de ces trois points?
Mais qui donc pousse à cette aventure guerrière, à la limite du droit international et où l'expression et les intérêts du Mali et des pays voisins où rejaillit ce conflit, apparaissent de moins en moins visibles et clairs ????
Où en est le débat républicain, en France, pour assurer la légitimité démocratique et républicaine d'une telle aventure, étant entendu que la lutte contre le crime organisé et non organisé, et contre le terrorisme est par nature légitime, mais pas n'importe comment?