Les pays européens de l'ouest sont interconnectés entre eux dans une large zone qui dépasse l'Union Européenne, puisqu'elle couvre 34 pays avec une population totale de 535 millions d'habitants (fin 2011). Les chiffres donnés par la suite sont issus du rapport 2012 de l'ENTSOE ( association des gestionnaires du réseau électrique interconnecté en Europe).
https://www.entsoe.eu/index.php?id=973
Cette zone d'interconnexion électrique a des échanges dans le sud, avec les pays du Maghreb via le détroit de Gibraltar, et à l'Est avec la Russie, l'Ukraine et la Turquie. Elle représente une consommation de 3336 TWh en 2012, en très légère baisse par rapport à 2011 (3340 TWh). TWh, Tera Wh ou milliards de kWh (10 puissance 12 Wh). Soit une consommation moyenne de 6235 kWh par habitant, ou 6,2 MWh par habitant. (en France, la consommation est de 7,52 MWh par habitant). La zone interconnectée ENTSOE a été exportatrice de 2,5 TWh avec ses zones voisines.
L'électricité doit être produite localement, mais si les interconnexions sont suffisantes, les échanges d'énergie à la vitesse de la lumière sur un réseau synchrone à la même fréquence, 50 HZ, permettent de bénéficier de la solidarité entre les pays, notamment en fonction des pointes de consommation, en Italie et en Grèce en été, les autres pays en hiver.
Cette zone interconnectée est encore loin d'être une plaque de cuivre homogène car les interconnexions entre pays sont limitées et souvent saturées. Les déséquilibres, notamment révélés par des prix négatifs de l'électricité, ce qui est le comble de l'absurde et du gaspillage, car incitation à consommer inutilement de la précieuse énergie, sont de plus en plus fréquents. Voir à ce sujet l'article dans ce blog, prix négatifs de l'électricité, précurseur d'un black out?
http://malicorne.over-blog.com/2013/11/prix-n%C3%A9gatifs-de-l-%C3%A9lectricit%C3%A9-pr%C3%A9curseurs-d-un-black-out.html.
Mais les interconnexions se développent et les échanges augmentent d'année après année à l'intérieur de la zone d'interconnexion ENTSOE.
En matière de capacités installées dans cette zone pour produire de l'électricité, viennent en tête l'hydraulique et le gaz qui représentent chacune 20 % de la capacité installée. Viennent ensuite le nucléaire avec 13 % et le charbon avec 12 %, puis l'éolien avec 10% et le solaire avec 7 % de la puissance installée.
La première source de production d'électricité de la zone ENTSOE est cependant le nucléaire qui représente le quart de la production. Viennent ensuite l'hydraulique avec 17 % et le gaz avec 16 %, puis le charbon et le lignite avec respectivement 15 et 9 % de la production d'électricité.
L'éolien ne représente que 6 % et le solaire que 2 % de la production d'électricité.
La différence de répartition entre la capacité installée, en puissance (MWe) et la production effective (en énergie, en TWH), illustre la différence de nature entre les différentes sources d'énergie:
- l'énergie en base est assurée de façon privilégiée en Europe par le nucléaire, et par le charbon et le lignite, ces deux dernières énergies étant très fortement émettrices de CO2
- l'énergie de régulation pour la pointe, hydraulique et gaz
- les énergies intermittentes, éolien et solaire, très capitalistiques, car il faut une grande capacité installée pour produire un peu. Les 103 530 MWe installées en éolien représentent un investissement de l'ordre de 100 milliards d'euro ( avec une estimation de 1 million d'euro par MWe éolien installé) pour produire 6 % des besoins en Europe, et les 67964 MWe installés en solaire représentent un investissement de l'ordre de 140 milliards d'euros (estimation de 2 million d'euros par MWe solaire installé) pour produire 2 % des besoins. Comme elles ne sont pas compétitives avec les autres sources d'énergie, elles sont subventionnées, à la charge des consommateurs d'électricité, et sont à l'origine des prix négatifs sur les marchés spots européens de l'électricité, lorsque il y a excès de production intermittente par rapport aux besoins.
nucléaire, charbon et lignite en base, hydraulique et gaz en régulation, éolien et solaire intermittents
Le nucléaire représente donc 13 % de la capacité installée dans la zone ENTSOE et avec 25 % de la production, constitue la première source de production d'électricité sur la zone ENTSOE.
La capacité nucléaire installée est de 125 888 MWe et la production de 864 TWh, (pour 994 063 MWe dans la zone ENTSOE de puissance installée et 3383 de TWh produits).
La production nucléaire se répartit entre 15 pays, dans l'ordre de production nucléaire réalisée en 2012:
la France (63130 MWe, 408 TWh),
l'Allemagne ( 12068 MWe, 94 TWh),
le Royaume Uni (9726 MWe, 64 TWh)
la Suède ( 9363 MWe, 61,5 TWh)
l'Espagne ( 7563 MWe, 59 TWh)
la Belgique ( 5926 MWe, 38,5 TWh)
la République Tchèque ( 3800 MWe, 29 TWh)
la Suisse ( 3278 MWe, 24 TWh)
la Finlande ( 2692 MWe, 22 TWh)
la Hongrie (1892 MWe, 15 TWh)
la Bulgarie ( 2000 MWe, 15 TWh)
la Slovaquie ( 1940 MWe, 14 TWh)
la Roumanie ( 1300 MWe, 11 TWh)
la Slovénie ( 696 MWe, 5 TWh)
les Pays Bas ( 504 MWe, 4 TWh)
A noter que pour la France, la production nucléaire représente 75 pour cent de la production, pour seulement 49 % de la capacité électrique installée. Ce nucléaire est pleinement compétitif, et il doit veiller à y rester. Il permet à la France de bénéficier d'une balance commerciale positive dans l'électricité de deux milliards d'euros tous les douze mois. Il permet également à la France de n'émettre que 5 tonnes de CO2 par habitant quand dans le même temps l'Allemagne émet avec le lignite et le charbon, plus de neuf tonnes de CO2 par habitant.
Dans ce contexte, la priorité une à la Sûreté nucléaire et l'acceptation publique associée, demeurent l'enjeu premier pour l'ensemble des exploitants nucléaires en Europe.
L'association des Autorités de Sûreté nucléaires WENRA des pays d'Europe de l'Ouest qui exploitent du nucléaire joue un rôle fondamental pour harmoniser les exigences de sûreté entre tous les pays d'Europe de l'Ouest, et veiller à la bonne prise en compte par les exploitants des enseignements tirés des trois accidents majeurs de l'industrie nucléaire, Three Mile Island aux USA, en 1979, Tchernobyl en Ukraine en 1986 et Fukushima au Japon en 2011.