Exercice annuel de relecture des enjeux énergétiques à la suite de la publication annuelle en octobre 2019 de Agence Internationale de l' énergie sur les chiffres Cles de l'énergie
Points clés
En quarante ans, la demande mondiale en énergie a plus que doublé, alors que la population est passée de 3,9 milliards d’habitants en 1973 à 7,5 milliards d’habitants en 2017.
Le pétrole est majoritaire pour les besoins en énergie. La moitié de l’usage du pétrole est dans les transports terrestres au niveau mondial
La demande mondiale en électricité a été multipliée par plus de 5 en 50 ans. La seule demande de la Chine en électricité en 2017 (6602 TWh) est désormais supérieure à la demande mondiale en électricité en 1973 ( 6131 TWh ).
Le charbon demeure en 2017 la première source de production d’électricité dans le monde et les deux tiers de la production d’électricité sont encore réalisées par des énergies fossiles, en premier lieu par le charbon.
La France (4,6 tonnes de CO2 par habitant et par an ), grâce son parc hydraulique et nucléaire, a émis en 2017 deux fois moins de gaz à effet de serre que l’Allemagne (8,7 Tonnes de CO2 par habitant et par an) mais ses émissions augmentent depuis 2014.
La demande en électricité varie entre pays dans un rapport supérieur de 1 à 100.
Eléments de Synthèse
La demande mondiale en énergie a été de 13,97 Giga tonnes équivalentes pétrole en 2017, pour 13,76 Gt en 2016, soit une augmentation de 1,5 %. La demande mondiale en énergie était de 6,1 Gt en 1973. En moins d’un demi-siècle, la demande mondiale en énergie a ainsi plus que doublé, alors que la population est passée de 3,9 milliards d’habitants en 1973 à 7,5 milliards d’habitants en 2017.
La demande en électricité a été de 23 696 TWh en 2017, en augmentation de + 2,5 % par rapport à 2016, (23107 TWh) après une augmentation de + 3,2 % entre 2015 et 2016.
La seule production d’électricité de la Chine en 2017 (6602 TWh) dépasse la demande mondiale en électricité en 1973. Celle-ci était de 6131 TWh.
La demande dans le monde en électricité a ainsi été multipliée par 6,5 en 47 ans, alors que la population faisait moins que doubler.
La croissance de la demande mondiale en électricité demeure plus soutenue que la demande totale en énergie, avec cependant une légère diminution du taux de croissance pour la demande en électricité. Ceci confirme la pénétration de plus en plus importante de l’électricité dans l’économie mondiale avec le développement.
La dispersion de la demande en électricité demeure excessivement forte entre pays, dans un rapport qui demeure au-delà de 1 à 100 et qui s’accroit au niveau mondial: Nigeria 143 kWh/habitant en 2017, et Canada 14 273 kWh par habitant, pays qui n’est pas le plus énergivore.
Les énergies fossiles, pétrole, gaz, charbon, émettrices de gaz à effet de serre, et facteurs de dépendance géopolitique, demeurent dominantes, en sources primaires en usage direct, comme pour la production de l’électricité.
Le pétrole assure 32 % de la demande en énergie, en particulier pour les transports. Le charbon, assure quant à lui 27 % de la demande en énergie, et le gaz 22%.
La production en électricité est assurée à 65 % au niveau mondial par des énergies fossiles. Le charbon demeure la première source de production d‘électricité dans le monde suivi par le gaz.
Les émissions de gaz à effet de serre par habitant sont cependant très variables d’un pays à l’autre. Elles dépendent très fortement de leur développement, et donc de l’importance de production en électricité, mais aussi et surtout des ressources disponibles dans les différents pays et des politiques menées en matière d’efficacité énergétique et de choix privilégiés de modes de production d’électricité.
L’éolien et le solaire, connaissent aujourd’hui des taux de croissance très élevés mais restent encore marginaux dans le bilan global (moins de 10 % de la production d’électricité). Ils ne modifient pas à ce stade la forte dépendance qui demeure aux énergies fossiles, pétrole et gaz pour les pays d’Europe en général, charbon, pétrole et gaz pour l’Allemagne, les US et les pays d’Asie. Ils ne suffiront pas à assurer, à eux seuls, la demande en énergie pour 10 milliards d’habitants.
Le nucléaire et l’hydraulique jouent en revanche un rôle majeur pour limiter les émissions de gaz carbonique, notamment en France dont l’électricité est ainsi déjà décarbonée et dont les émissions de gaz carbonique par habitant sont inférieures de moitié à celles de l’Allemagne.
L’inter comparaison entre pays met en évidence que des politiques adaptées permettent d’assurer conjointement, le développement humain, la lutte efficace contre l’effet de serre et la pollution de toute nature, et l’indépendance par rapport aux facteurs de risques d’ordre géopolitique. Pour limiter l’effet de serre global, la limite de 4 tonnes de CO2 par habitant et par an est atteignable, tout en préservant le niveau de vie, à commencer par la France, sous réserves de confirmer l’option nucléaire pour le long terme. La limite généralisée de 1 tonne de CO2 par habitant et par an, qui devrait permettre de garantir l’absence durable d’effet de serre anthropique, sera beaucoup plus difficile à atteindre.
L’hydrogène, qui n’est qu’un vecteur en énergie comme l’électricité, est aujourd’hui absent du panorama énergétique mondial. Il ne réunit pas encore les conditions d’une compétitivité suffisante, en production, transport, stockage et distribution,
Le mix équilibré et propre, sans effet de serre pour demain, sans dépendance géopolitique excessive, repose sur la convergence d’une politique ciblée et pertinente d'efficacité énergétique et de sobriété dans les usages, prioritairement dans les transports et le bâtiment, et des sources primaires décarbonées. Celles-ci doivent reposer sur une complémentarité entre des énergies renouvelables (hydraulique, éolien, solaire) compétitives, un nucléaire sûr et compétitif, reconnu comme valeur ajoutée de long terme par les populations et les territoires, et sur la promotion de l’électricité décarbonée dans les usages énergétiques.
Pour que l’énergie nucléaire puisse être reconnue et acceptée ainsi au regard de ses effets bénéfiques pour l’environnement et pour l’indépendance énergétique, l’histoire encore récente de l’énergie nucléaire lui impose des exigences. La première de ces exigences porte sur la sûreté nucléaire qui doit demeurer la priorité une, en phase d’exploitation, comme pour la déconstruction et le traitement ultime des déchets nucléaires. Cette exigence de sûreté et son acceptation imposent un très haut degré de développement institutionnel, académique, industriel et sociétal, et une vision partagée sur le long terme. Ceci induit un effet de seuil pour l’introduction et le maintien de l’énergie nucléaire dans le mix énergétique, et un accompagnement spécifique pour les pays primo entrants dans l’énergie nucléaire.
Les dispositions et ressources qui existent déjà dans différents pays à travers le monde permettent de confirmer la faisabilité d’une telle cible qui limite l’effet de serre d’origine humaine et les risques d’interdépendance aujourd’hui excessive sur le plan géopolitique avec les énergies fossiles.
Les énergies fossiles doivent être réservées à la transition des pays les moins avancés économiquement et technologiquement. Les pays les plus avancés doivent les aider à adopter une cible décarbonée, qui sera nécessairement adaptée progressivement en fonction de leur propre développement et des capacités humaines et financières disponibles.
La première condition pour la réussite de l’atteinte d’une telle cible, pour les pays développés comme ceux qui le sont moins, repose sur la stabilité institutionnelle et l’expression la plus partagée possible d’une politique de long terme, éclairée par les principaux impacts et enjeux globaux, qu’ils relèvent de la protection de la planète, des facteurs de dépendance, mais aussi de l’accès au minimum vital pour le plus grand nombre.
Source Agence Internationale de l’Energie,
Key World Energy statistics 2019
https://webstore.iea.org/key-world-energy-statistics-2019