Si la priorité première doit être la mobilisation générale dans l’aide des victimes et dans le soutien au personnel soignant, la profondeur inédite de la crise à laquelle doit faire face aujourd’hui la France interpelle.
Un objet qui existe dans la nature, peut être dit « isolé » ou « purifié » s’il a été modifié ou extrait « par la main de l’homme », de son environnement naturel. Des souches de coronavirus, « modifiées ou extraites ainsi de la main de l’homme », font l’objet de brevets (exemple « nouvelle souche de coronavirus associé au SRAS et ses applications », - titulaires conjoints Institut Pasteur, CNRS et Université Paris VII, - brevet européen EP 1 694 829 B1 – date de dépôt 2 décembre 2004). Les applications de tels brevets portent notamment sur des protocoles de détection. La France dispose ainsi d’une compétence a priori large dans le domaine des coronavirus.
Le virus responsable de la COVID-19 et celui à l’origine du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) sont génétiquement liés mais ils sont différents. Le SRAS est plus mortel mais beaucoup moins infectieux que la COVID-19. Il n’y a pas eu de flambée de SRAS dans le monde depuis 2003.[1]
Compte tenu des informations disponibles en Chine dès janvier sur la propagation du nouveau virus et des compétences disponibles en France dans le domaine des coronavirus, pourquoi n’avons-nous pas disposé dès janvier, d’un large dispositif de détection et de protection pour nous prémunir collectivement d’une propagation généralisée du virus COVID-19 en France ?
Compte tenu des conséquences identifiées dès janvier en Chine du nouveau virus, pourquoi n’avons-nous pas engagé de manière prioritaire en France dès janvier des mesures de prévention et de renforcement du système de santé en France pour faire face au risque de pandémie ?
Quelle est en France l’Autorité indépendante, porteuse de l’intérêt général, répondant en conséquence devant les instances démocratiques, et donc devant le Parlement, qui nous garantit que la priorité première à la santé de la population est respectée en toute situation devant tout intérêt économique ou financier particulier ? Où est-elle ? Qu’exprime-t-elle ???
Comment l’expertise scientifique est-elle mise à disposition de manière privilégiée auprès des Pouvoirs Publics, et sous quel mode de gouvernance, de séparation des pouvoirs et de contrôle démocratique ?
En cas d’événement, car l’erreur humaine peut exister comme dans toute activité humaine, quelle transparence des acteurs est-elle exigée par la Loi, et quelle responsabilité des opérateurs et des Pouvoirs Publics pour prévenir un accident de grande ampleur dans une activité d’un laboratoire ou autre lieu, et en cas d’accident induisant une épidémie/pandémie, pour en limiter les conséquences ?
Ces différentes questions exigeront un approfondissement dès que la résolution de la crise le permettra.
[1] Cf site de l’organisation mondiale de la santé https://www.who.int/fr/emergencies/diseases/novel-coronavirus-2019/advice-for-public/q-a-coronaviruses