La persistance des sanctions américaines et européennes contre le peuple Syrien et de l'occupation militaire américaine illégale en Syrie depuis 2011 pose un problème fondamental géopolitique de même gravité que l'intervention militaire russe en Ukraine en 2022 sur fond de conflit au Donbass débuté en 2014. Ces deux interventions militaires, impliquant conjointement mais non encore de façon directe, pour combien de temps? les Russes et les Américains, avec de très forts enjeux géostratégiques sous-jacents, ont des conséquences directes et dramatiques sur les peuples respectifs de Syrie et d'Ukraine.
Dans les deux cas, des actes de barbarie et des mensonges inacceptables, et une large propagande de guerre entretiennent un intense conflit qui se traduit par des centaines de milliers de morts, des millions de réfugiés, et des citées dévastées.
Soit la résolution du conflit passe, dans les deux cas,
- par une dépose des armes,
- par un rétablissement conjoint de la souveraineté première des peuples concernés, laissant, en Ukraine, au Donbass, comme en Syrie, et autres lieux l'exercice de la libre détermination par les populations du choix de leurs dirigeants et de leurs alliés,
- et par la mise en place d'une sécurité collective respectant le nécessaire équilibre, en Europe comme au Levant, entre les Russes et les Américains, dans le respect des personnes et du droit,
soit le conflit continue de s'étendre.
La regrettable poursuite actuelle de l'escalade de guerre laisse craindre l'ouverture d'un troisième front d'implication indirecte et par procuration entre les Russes et les Américains. Les sources de ce conflit se situent notamment dans l'opposition entre une volonté hégémonique mondialiste et une approche multipolaire sous fond de rapports de force d'ordre financier et militaire, de prétentions à vouloir imposer une seule ligne, et de crainte de non survie face à la Chine.
Les européens, trop impliqués, et dans les odieuses et illégales sanctions contre le peuple Syrien, et dans le non respect des accords de Minsk qui auraient permis depuis 2014 d'éviter la guerre en Ukraine, et trop alignés sur les seuls Américains alors que la dimension géographique et historique implique une nécessaire reconnaissance du dialogue préalable entre l'Europe et la Russie , doivent reconstruire une vision pour eux-mêmes et pour le monde dans lesquels ils puissent s' affranchir d'une tutelle, qu'elle soit américaine, russe, chinoise ou autre, sans pour autant s'écarter du nécessaire bannissement de toute barbarie de quelque origine elle peut survenir.
Cette nécessaire reconstruction, qui pourra apparaître très utopique dans l'état actuel de la situation, exigera une réinterrogation sur la nature de l'implication de l'Europe sur ces deux fronts, Syrie et Ukraine, sur le propre mode de gouvernance interne, dans ses différentes dimensions politiques comme philosophiques et éthiques, qui a pu laisser s'établir ces deux premiers fronts en interne et aux marges de l'Europe, une réinterrogation enfin sur la capacité à ne pas laisser ouvrir un troisième front, en Europe, au Moyen Orient, en Afrique, en Asie ou ailleurs. Un tel troisième front pourrait être de nature à enflammer le monde.
L'Europe, incluant l'Ukraine, a-t-elle acquis cette capacité ? Rien n'est moins sûr au regard notamment du contenu et de la nature du débat public sur ces différents enjeux.
La France, membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, deuxième puissance maritime mondiale, seule puissance nucléaire au sein de l'Union Européenne, a une responsabilité particulière pour contribuer à faire éteindre les deux premiers conflits, en Syrie comme en Ukraine, en privilégiant la voix du dialogue dans le respect des droits fondamentaux des personnes et des peuples, à œuvrer au niveau européen et au niveau mondial pour éviter l'ouverture de tout nouveau front, et pour trouver, avec toutes les parties prenantes, les voies d'une approche multipolaire mondiale de coopération et de paix.
Ce chemin est certes le plus difficile et le plus exigeant, mais également le plus fécond au regard du respect des personnes et des générations futures, de la liberté et du droit, et du bien commun constitué en premier lieu par la paix commune et partagée.