Electricité en France en 2022

Avec une demande de 459,3 TWh, la demande en électricité en France a chuté en 2022 de - 1,7 %  par rapport à 2021, avec une baisse plus importante que 2020, année du Covid ( 461 TWh), et une chute de -4,2 % par rapport à la moyenne 2014 - 2019 avant crise sanitaire et guerre en Ukraine ( 464 TWh).

La baisse a été particulièrement significative dans l'industrie, avec des secteurs particulièrement touchés comme la chimie avec - 12 %, la métallurgie, -10% et la sidérurgie, - 8 %.

Cette baisse de la demande en électricité en France s'inscrit dans un contexte fortement baissier dans l'Union Européenne en 2022 par rapport à 2021  (-3,5 % ), mais en augmentation en Russie (+1,5%) aux US ( + 2,6%) et en Chine (+2,6 %), et plus globalement une croissance de +1,9 % à travers le monde.

La production française est restée fortement décarbonée avec 56 g  équivalent CO2 par kWh à comparer avec 120 gCO2/kWH en Belgique, 141 gCO2/kWh en Espagne, 184 gCO2/kWh au Royaume Uni, 368 gCO2/kWh en Italie et 387 gCO2 /kWh en Allemagne.

Pour la première fois depuis 1980, la France a été déficitaire en 2022 dans sa balance commerciale en électricité pour un volume de 16,5 TWh, et une facture de 7 Milliards d'euros, soit des achats à 424 euros le MWH en moyenne. Le volume maximum historique d'importations s'est élevé à 15 836 MW le 19 novembre 2022 et celui de l'exportation à 17 352 MW le 23 décembre 2022, proche du maximum historique de 17415 MW le 22 février 2019.

Pour mémoire, le site de Fessemheim arrêté par les Pouvoirs Publics en 2020, avait une production annuelle de plus de 12 TWh les meilleures années. La part de production nucléaire d'EDF cédée aux fournisseurs dits alternatifs est cédée suivant la régulation Arenh à 42 Euros le MWH à un prix fixe depuis onze ans aux fournisseurs dits alternatifs.

Pour ce qui concerne la production, du fait de la sécheresse et la faible hydraulicité en 2022, la production hydraulique a été la plus faible depuis l'année 1976. Elle s'est élevée à 49,6 TWh, en baisse de 12 TWh par rapport à 2021.

La production nucléaire en 2022, 279 TWh,  a été la plus faible depuis 1988 (430 TWh en 2005). Le taux de disponibilité du parc nucléaire a été particulièrement faible de 54 % à comparer à la valeur de 73 % en moyenne dans les années 2015-2019. La production nucléaire a été en recul de 82 TWh par rapport à 2021. Cette indisponibilité du nucléaire résultait de quatre facteurs,

- une indisponibilité programmée du fait des importantes mises à niveau des réacteurs démarrés il y a quarante ans pour leur permettre de disposer d'un niveau de sûreté équivalent au restant du parc et d'aller à cinquante ans voire plus.

- l'indisponibilité  résultant des conséquences de la crise sanitaire durant laquelle la continuité d'alimentation électrique a été assurée mais des reports d'opération de maintenance ont dû être différés

- l'indisponibilité induite par la corrosion sous tension sur quelques réacteurs parmi les plus récents des paliers N4 et 1300 MW. Cet aléa , détecté par EDF fin 2021, a nécessité une mobilisation forte de capacités industrielles qu'il a fallu chercher en Europe et à travers le monde.

- le retard de Flamanville 3 dont le couplage est attendu pour 2024 après traitement des derniers aléas et enseignements de l'exploitation en cours des EPR de  Taishan 1 et 2 en Chine, et d'Olkiluoto 3 en Finlande.

La faible disponibilité du nucléaire a eu un impact de 29 milliards d'euro sur  l'EBITDA d'EDF en 2022 compte tenu des achats rendus nécessaires dans un contexte de prix de marché très élevés ( CF communiqué EDF du 17 février 2023).

La production carbonée d'électricité par le gaz est restée relativement importante de 44,1 TWh , pour constituer avec 10 % la troisième source de production d'électricité en France après le nucléaire ( 63 % )  et l'Hydraulique (11%).

La quatriéme source de production d'électricité est l'éolien, avec 9 % de la production. Les capacités installées représentent désormais 20,6 GW en terrestre et 0,480 GW en éolien maritime, ce qui représente à ce jour 14 % de la puissance électrique installée en France. l'intermittence de l'éolien en janvier 2022 a présenté un facteur de 1 à 100 avec une puissance qui a varié de 155 MW à 14848 MW de manière non corrélée avec les variations de la demande en électricité. Le facteur de charge de l'éolien a été de 21,4 %. Les contrats de rachat aujourd'hui engagés s'élèvent aujourd'hui en moyenne à  93 euros le MWh pour l'éolien terrestre et à 166 euros le MWh pour l'éolien maritime ( délibération CRE 2022 - 202 de juillet 2022)

La cinquième source de production a été le solaire avec 18,6 TWh représentant 4 % de la production pour une puissance installée de 10%. Les contrats de rachat aujourd'hui engagés s'élévent en moyenne à 238 euros le MWh. (délibération CRE 2022 -202)

2022	GW puissance	%	TWH production	%
nucléaire	61370	44	279	63
hydraulique	25504	18	49,6	11
éolien	19099	14	38,1	9
solaire	13612	10	18,6	4
gaz	12752	9	44,1	10

Sur les marchés de gros de l'électricité, https://www.eex.com/ le ruban cal 23 ( fourniture en base de 1MWh réparti tout au long de l'année 2023 ) a subit une pointe le 26 aout 2022 à plus de 1000 Euro le Mwh pour l'année 2023, en décalage notable par rapport à la base nucléaire de 42 euro le MWh suivant l'Arenh.

Le ruban 2024 est à ce jour à 173 euros le MWh et le ruban 2025 à 130 euros le MWh, toujours en décalage notoire par rapport à la base décarbonée nucléaire et hydraulique française.

Les "boucliers tarifaires" et les "amortisseurs" mis en place par le gouvernement ont un coût prévisionnel de 28 Milliards d'euros pour 2023, (https://www.cre.fr/Actualites/la-cre-fixe-les-acomptes-verses-par-l-etat-aux-fournisseurs-d-electricite-dans-le-cadre-du-bouclier-tarifaire-et-de-l-amortisseur). Ces dispositifs n'empêchent pas vos factures d'augmenter de manière scandaleuse et inacceptable dans un facteur 5 voire plus . Ces prix constituent un désastre pour notre économie, et vont continuer à faire plomber nos budgets publics déjà bien mal en point. Les prix de 280 euro le MWh, voire plus, pris en compte dans les  ces boucliers tarifaires sont déconnectés de la réalité technique et économique.
https://malicorne.over-blog.com/2023/01/le-prix-totalement-excessif-a-280-euro-le-mwh-pour-les-artisans-et-peites-entreprises-en-france.html
 

Sources RTE, CRE et EEX.

Données plus générales actualisées en continu  dans

https://sevedatome.fr/donnees-reperes

évolution de la consommation France corrigée des variations de température et calendaires, source RTE

Comments

[Bernard Maillard]

Réponse à une lettre d'une amie chef d' entreprise à la suite de la réception brutale et sans préavis de sa facture d'électricité qui passe de 1800 à 9400 euros.

" Oui c'est un scandale et une escroquerie fondamentale

cf boulangers dans la rue depuis le mois de janvier, auditions à l'assemblée nationale sur la perte de souveraineté énergétique de la France, le pseudo bouclier tarifaire à 280 euros le MWh ...

C'est l'objet même de toutes mes interventions sur mon blog , de mes conférences, et interventions que je fais,,,,et je ne suis pas le seul,,,,mais il faut arriver à dénouer le tout très pervers, dangereux, et qui mène effectivement aujourd'hui à la catastrophe pour nos entreprises comme pour le consommateur final et pour le contribuable, et qui plus est sans aucun bénéfice pour la planète!

Cela résulte de différentes causes qui se conjuguent:

- Les directives, lois diverses et régulation du marché de l'électricité qui cherchent depuis 20 ans à casser EDF (ex entreprise publique en situation de monopole ) et le nucléaire, avec notamment une production nucléaire d'EDF cédée aux fournisseurs dits alternatifs à un coût Arenh fixe depuis 12 ans à 42 euro le MWh, et EDF qui est obligée ensuite d' aller se sourcer sur un marché délirant pour fournir ses propres clients comme vous. Dans un contexte de faible disponibilité du nucléaire en 2022, (la disponibilité du nucléaire s'est redressée en fin d'année 2022 pour permettre à la France de revenir exportatrice en fin d'année 2022) l'écart entre cette énergie cédée et le nécessaire rachat avec les prix de marché s'est envolé. Mais cette envolée avait débuté avant 2022 et l'hyper inflation ( augmentation des prix pour le consommateur français de 52 % entre 2010 et 2021 pour le consommateur français )

- Une indexation des coûts d'acheminement ( transport rte et distribution enedis ) sur les prix de marché pour compenser les pertes ( fatales par effet Joule) sur le réseau électrique ( 40 TWh en jeu)

- Un marché et sa régulation qui lient le marché de l'électricité au prix du gaz alors que le gaz demeure en France, y compris en 2022 et 2023, très marginal dans la production d'électricité (inférieur à 10 pour cent )

- Des investissements par centaines de milliards d'euro dans de nouveaux moyens de productions intermittents (éolien, solaire...) et les investissements dans le réseaux induits, inutiles, non compétitifs, et coûteux pour la France car l'électricité française est déjà décarbonée et compétitive, et qu'il faut bien financer

- des taxes indexées sur les prix d'énergie et d'acheminement qui s'envolent dans un contexte de non transparence des flux financiers et de non maitrise des dépenses publiques

- un système qui part complétement en vrille mi 2022/début2023. Le début de la vrille a commencé cet été avec des prix sur le marché de gros de l'électricité à plus de 1000 Euro le MWh le 26 aout 2022, à des prix complétement déconnectés de la réalité technique et économique. Les "boucliers tarifaires" et les "amortisseurs" mis en place par le gouvernement ont un coût prévisionnel de 28 Milliards d'euros pour 2023, (https://www.cre.fr/Actualites/la-cre-fixe-les-acomptes-verses-par-l-etat-aux-fournisseurs-d-electricite-dans-le-cadre-du-bouclier-tarifaire-et-de-l-amortisseur). Ces dispositifs n'empêchent pas vos factures d'augmenter de manière scandaleuse et inacceptable dans un facteur 5 voire plus . Ces prix constituent un désastre pour notre économie, et vont continuer à faire plomber nos budgets publics déjà bien mal en point.

https://malicorne.over-blog.com/2023/01/le-prix-totalement-excessif-a-280-euro-le-mwh-pour-les-artisans-et-peites-entreprises-en-france.html

Je te propose d'exiger par écrit de ton fournisseur le pourquoi de cette évolution particulièrement spéculative, avec le détail pour la part énergie, comme pour la part acheminement et taxe, et de mettre en copie ta demande, et ta députée et ta sénatrice

Je reste pleinement disponible pour te faire à toi en solo, ou auprès de chefs d'entreprise également concernés par ces folies, de vous refaire le fil de tout ce que je t'indique ici, sur la base de données factuelles, et aussi précises que nécessaires.

Bises en pleine solidarité avec votre colère "