Eolien off-shore à 45 euros le Mwh ???

Eolien Manche Cotentin

https://actu.fr/economie/eolien-le-premier-parc-centre-manche-attribue-au-groupement-mene-par-edf-renouvelables_58414276.html

Puissance installée de 1 GW, 2 Milliards d'euros d'investissements. Couplage au réseau annoncé pour 2031.

Rachat de l'électricité produite de manière intermittente en fonction du vent annoncé à moins de 45 euros le Mwh

EDF associé à des fonds de pension canadiens (Maple Power et ses actionnaires – Enbridge Inc. et Canada Pension Plan Investment Board ) est le lauréat gagnant cf  https://www.edf.fr/groupe-edf/espaces-dedies/journalistes/tous-les-communiques-de-presse/le-groupe-edf-et-maple-power-remportent-un-projet-eolien-en-mer-dun-gigawatt-au-large-de-la-normandie )

Un beau challenge industriel à relever ? Ou une nouvelle entourloupe pour faire plonger EDF, l'opérateur historique en charge de missions de service public ?

Espérons que les risques ont bien  été évalués  et couverts ,,,,

Alors que le choix des  fournisseurs n'est pas encore fait et que  l'inflation sévit aussi dans ce domaine (une indexation est prévue prenant en compte l'inflation), le coût de production va-t-il être effectivement en dessous de 45 Euros le MWh ? Il serait regrettable qu'une contre performance industrielle  oblige  la France vis à vis des retraités canadiens  ou que les dispositions réglementaires et financières mises en œuvre fassent plonger encore plus l'opérateur historique ,,,,

La publication  du 28 mars 2023 de la Commission de régulation de l'Energie  apporte des informations sur cet appel d'offres Manche Cotentin.

https://www.cre.fr/Actualites/la-cre-publie-la-deliberation-relative-a-l-instruction-des-offres-remises-a-l-appel-d-offres-eolien-en-mer-ao4-et-le-rapport-de-synthese-associe

Pour le lauréat retenu, 1047 MW, 43 turbines de 23,8 MW

4400 Heures équivalents pleine puissance en prévision  (Eolien terrestre 2300 heures et photovoltaïque 1200 heures)

Tarif de référence 44,9 Euros le MWh

La CRE précise que le développement de tels modèles par les turbiniers à une date compatible avec la mise en service du parc dans les délais résultant des prescriptions de du cahier des charges (aux alentours de fin 2031) "apparaît réaliste" car corroboré par des lettres de soutien de turbiniers mais demeure "un défi technologique".

Des puissances unitaires supérieures, entre 23,3 et 23,8 MW, …représenteraient des machines de 300 m de diamètre de rotor environ pour une hauteur en bout de pale de 330 m environ. (équivalent de 50 Tour Eiffel en pleine mer soumises aux tempêtes océaniques...???)

Les candidats anticipent que le coût de fourniture des aérogénérateurs hors installation représente environ la moitié de l’ensemble des coûts d’investissement totaux du projet.

A noter également un point spécifique sur le dispositif de soutien/rémunération de charges de service public de l'énergie:

Les évaluations effectuées par le candidat ou la CRE dans deux scénarios conduisent à une situation où, sur l’ensemble de sa durée, (20 ans de soutien) le contrat de complément de rémunération génèrerait, selon la CRE,  un flux de revenus du producteur vers l’Etat (entre 0,5 Md€ et 4,8 Mds€ ) !

Ainsi, pour un scénario tendanciel de 118 Euros le MWh sur le marché de gros de l'électricité),  le"revenu" serait pour l’Etat de 4,8 Milliards d’euros".

La formule , page 21 au paragraphe 7 du dossier de synthèse sur l'appel d'offres off shore 4 disponible sur le lien internet CRE mentionné ci-dessus, indique que le complément de rémunération intègre un prix de marché quotidien et la production effective de l'installation à un pas horaire.

"M0,i, exprimé en €/MWh est le prix de marché de référence sur le mois i, défini comme la moyenne sur le mois civil des prix à cours comptant positifs et nuls pour livraison le lendemain constatés sur la plateforme de marché organisé français de l’électricité, pondérée au pas horaire par la production de l’installation "

Encore faut-il que le producteur puisse valoriser cette production intermittente au mieux en fonction du marché...qu'il maitrise son coût de production en dessous de 44,9 Euro le MWH...et que ce "revenu" revienne en tout bénéfice à l'Etat ???

Schéma particulièrement complexe et non transparent qu'est ce dispositif de soutien/rémunération de l'Etat autour de la production renouvelable intermittente avec des "charges de services public négatives"...

N'y aurait-il pas un risque que l'Etat procède, à travers les complexes montages financiers et réglementaires mis en place,  à une nouvelle ponction complémentaire abusive sur l'opérateur historique EDF qui est le "lauréat" de ce dernier appel offres sur l'éolien maritime ???

En juillet 2022, avant la montée à plus de 1000 Euros le MWh pour le ruban 2023 constaté en août 2022, la CRE communiquait :

« La baisse majeure observée (des charges de service public de l'énergie) est principalement portée par la diminution de - 7 224,1 M€ des charges liées au soutien aux énergies renouvelables électriques en métropole continentale. Elle s’explique essentielle-ment par la forte hausse des prix de gros de l’électricité (+ 122 €/MWh en moyenne). La valorisation des productions soutenues sur le marché devient supérieure à leur tarif d’achat ou de référence selon le mode de soutien (tarif fixé pour leur assurer une rémunération raisonnable), ce qui génère des montants de charges négatifs et donc une recette pour les finances publiques. « 

https://www.cre.fr/Documents/Deliberations/Decision/evaluation-des-charges-de-service-public-de-l-energie-pour-2023

Or les productions éoliennes, comme solaires sont intermittentes. La variabilité peut être très importante, indépendante des variations de la demande en électricité. (variabilité dans un facteur de 1 à 100 pour la production éolienne en France en janvier 2022 qui a varié entre 150 et 15000 MW), l’équivalent pleine puissance est, comme indiqué plus haut, de 1200 heures dans l’année pour le solaire, de 2300 heures pour l’éolien terrestre et annoncé de 4400 heures pour l’éolien maritime.

Comme les producteurs éoliens sont de plus en plus nombreux, les périodes ventées durant lesquelles ils pourront placer et valoriser leur production risquent d’être à un très  faible niveau de prix sur le marché de gros. A l’inverse, lorsque les prix de marchés seront hauts par forte demande, et/ou par faible disponibilité du pilotable décarboné, et si le vent ne permet pas une large production éolienne ( période anticyclonique froide par exemple), le producteur éolien ne pourra que très peu valoriser sa production sur des prix hauts de marché.

Dans un contexte de très fort déficit public, et dans une volonté d'afficher un "bénéfice"  et non des charges pour le renouvelable intermittent, l'Etat ne pourrait-il pas être tenté de calculer les recettes attendues en fonction d'une valeur de prix moyen sur une certaine durée sur le marché de gros de l'électricité, sans tenir compte du prix effectif de marché au moment de la production intermittente. Les recettes attendues pour l'Etat et annoncées par la CRE pourraient alors être complétement déconnectées de la réalité, voire conduire à des prélèvements abusifs auprès des producteurs qui portent le risque industriel. Plusieurs milliards d’euros sont potentiellement en jeu par an.

Et pendant  tout ce temps, la production nucléaire d'EDF, décarbonée et pilotable, est toujours cédée aux fournisseurs dits alternatifs à 42 euros le Mwh , à un prix fixe depuis onze ans suivant l'Arenh,,,,

Par ailleurs, il convient de s'interroger sur l'évaluation de l'implantation du parc maritime au large de l'estuaire de la Seine. N'y aurait il pas un impact majeur sous estimé sur la sécurité et le développement des routes maritimes des ports normands français???

Mis à jour le 21 avril 2023

Quel est l'impact de ces parcs maritimes sur la sécurité et le développement des routes maritimes???