Energie, où allons nous? Quelques repères... éléments d'une conférence le 10 mai 2023 à Cherbourg en Cotentin

Publié par Bernard Maillard sur 12 Mai 2023, 19:17pm

Catégories : #Economie, #Géopolitique, #énergie, #politique

Eléments présentés lors d'une conférence au Lions Club de Cherbourg en Cotentin le 10 mai 2023

Avant la folle explosion des prix en 2021/2022, la France avait déjà connu de 2010 à 2019 une envolée significative de + 52% des prix de l'électricité entre 2010 et 2019.

Après un diagnostic de la situation présente en France et en Europe, trois scénarios se dessinent

Un scénario de décroissance et de dissolution du lien social
Un scénario de fuite en avant, de poursuite de l’exclusion et d’emballement des spéculations
Un scénario de reprise en main, tant au niveau de la gouvernance publique que de la performance industrielle

Energie, où allons nous? Quelques repères... éléments d'une conférence le 10 mai 2023 à Cherbourg en Cotentin

Après un rappel du profil de la demande en électricité qui varie en France dans un rapport dans la puissance appelée de l’ordre d’un à deux de manière quotidienne en France, et de un à trois dans la variation saisonnière entre l’été et l’hiver, l’importance de la disponibilité de la production pilotable d’électricité a été soulignée. Elle permet de garantir la continuité de cette fonction si vitale pour les besoins fondamentaux, d’éducation, de santé, d’économie, de sécurité…

Malgré les alertes sur le risque avéré d’effet de serre climatique, la production pilotable d’électricité par des énergies fortement polluantes que sont le charbon et le gaz, et représentant plus de 60 % de la production mondiale d’électricité, ont continué en 2022 à progresser à travers le monde.

Ces niveaux d’émissions de gaz à effet de serre par la nécessaire production pilotable d’électricité demeurent particulièrement et notablement très élevés dans de nombreux pays, notamment en Europe, malgré des investissements très importants, massifs et coûteux dans le renouvelable intermittent (éolien et photovoltaïque).

En revanche, comme dans les pays nordiques en Europe, au Canada, ou en France, disposant d’une production pilotable décarbonée d’électricité (hydraulique et nucléaire), un très bas taux d’émissions de gaz à effet de serre par la production d‘électricité peut être constaté dès à présent.

Si l’énergie nucléaire apporte de très nombreux avantages, sécurité d’approvisionnement, production pilotable et décarbonée d’électricité, coût maitrisé sur le long terme, faible impact foncier, possibilité de diversification dans la production de chaleur, d’hydrogène, dans la propulsion navale… la contrepartie porte sur la sûreté nucléaire et l’acceptation sociétale, ou non, qui en résulte.

Pour les pays nouveaux entrants dans le nucléaire comme pour les pays valorisant aujourd’hui cette énergie, les conditions requises au titre de la sûreté nucléaire ont été rappelées : stabilité institutionnelle et gouvernance publique intégrant le long terme, compétences scientifiques et industrielles, culture de sûreté nucléaire portée en premier lieu par l’exploitant nucléaire, premier responsable de la sûreté nucléaire mais aussi partagée, en confiance et en vigilance, par l’ensemble des parties prenantes, dont l’autorité de sûreté indépendante de l’exploitant. Cette culture, issue du retour d’expérience qu’a connu l’industrie nucléaire à travers le monde, repose sur la reconnaissance de la nécessaire place des femmes et des hommes pour exploiter l’énergie nucléaire, et sur le déploiement des attitudes de rigueur, de prudence, de questionnement, de transparence, de prise en compte des incertitudes et d’humilité. Le risque zéro n’existe pas.

Cinq pistes d’actions sont proposées :

Approfondir le débat public, tant au niveau France qu’Europe, sur la base des faits, du diagnostic partagé, du vécu des acteurs et de la diversité des modes de pensée et de représentation
Restituer une gouvernance publique porteuse du long terme et de l’intérêt général, en replaçant le nucléaire, en France, comme en Europe, y compris dans les pays qui ont pu s’éloigner aujourd’hui de cette énergie, comme un atout stratégique majeur pour la lutte prioritaire contre le risque d’effet climatique planétaire et pour le développement économique et social. Porteur de performance d’innovation, et d'avenir et non de simple transition. Cette considération doit pouvoir inclure l’ensemble du cycle du combustible nucléaire et la valorisation optimale des matières nucléaires disponibles sans hypothéquer le futur ni contraindre les générations suivantes.
Restituer durablement la performance industrielle pour le nucléaire en France et en Europe, pour le parc existant comme pour le renouvellement de ce parc, en s’appuyant sur les meilleures performances obtenues aujourd’hui à travers le monde, avec la priorité une fermement maintenue à la sûreté nucléaire dont le premier responsable est l’exploitant nucléaire. La sûreté nucléaire tire la performance industrielle dans son ensemble.
Suspendre le développement massif, lourdement coûteux, sans efficacité démontrée, des énergies intermittentes en l’absence d’une énergie pilotable décarbonée disponible durablement, sans pour autant arrêter le développement à l’échelle locale et territoriale du renouvelable, hydraulique, petit éolien, solaire y compris thermique, hydrolien… dans une démarche ouverte, concertée et raisonnée.
Soutenir l’innovation de tout ordre, tant du côté de la demande en énergie et des modes de vie que dans la diversité des réponses industrielles, en gardant en mémoire qu‘une innovation a d’abord une dimension humaine et sociétale avant la dimension technologique et numérique, et que, pour l’énergie nucléaire, la sûreté nucléaire doit continuer à présider à l’innovation et à tout développement.