En se plaçant du côté de la demande en électricité....

Dans le scénario dit de référence de l’étude prospective de RTE à l’horizon 2035, (https://www.rte-france.com/actualites/bilan-previsionnel-transformation-systeme-electrique-2023-2035) les points suivants du côté de la demande en électricité en France peuvent être relevés :

• L’importance, pour le retour du développement de l’industrie en France, de pouvoir disposer sur le long terme, pour les process industriels continus, de rubans d’électricité décarbonée compétitive

• Dans le résidentiel et le tertiaire, le développement des pompes à chaleur pourrait conduire  à une demande complémentaire sur la pointe de la puissance électrique de 5 GW. Cet impact pourrait être compensé par l’effet lissage de la pointe par le développement attendu du stockage dans des batteries et de l’électrolyse à flux variable de l’hydrogène
• La progression des économies d’énergie et de la performance énergétique dans le bâti pourrait compenser en volume le développement des pompes à chaleur en substitution des chaudières fioul et gaz

• Le développement d’un parc de 18 millions de véhicules électriques à horizon 2035 représenterait une demande en volume complémentaire de 35 TWh  (pour mémoire la demande en électricité pour la mobilité, principalement pour le transport ferroviaire, représentait seulement 13TWh en 2019)

• Le développement de l’hydrogène décarboné pour les besoins de la mobilité et de l’industrie représenterait une demande complémentaire de 65 TWh à l’horizon 2035

La variation de la demande en électricité à l’échelle de la France, limitée de un à deux pour la puissance appelée sur 24 h, et de un à trois sur la pointe appelée entre l’hiver et l’été, n'est pas remise en cause à ce stade ni à moyen terme. Elle permet de se projeter dans l’efficience et la minimisation de l’impact sur l’environnement, avec économie des ressources matérielles et financières engagées.

Au regard de l'évolution de la demande telle que décrite ci-dessus, et prenant en compte les enjeux de sûreté du système électrique, de l’impact environnemental, et de limitation des ressources financières disponibles (qu’elles relèvent du contribuable ou du consommateur final), ne serait-il pas opportun de souligner les points suivants :

• Nécessité de préserver une attention conjointe sur la maitrise et la caractérisation de l'évolution de la demande en pointe en puissance électrique appelée à l'échelle France et de la demande en volume en électricité décarbonée

• L’opportunité de développer pour la maitrise de la pointe les dispositifs de stockage par batteries et de production variable d’hydrogène décarboné doit être saisie en fonction en premier de la demande et du besoin final, en intégrant dans l’évaluation de leur coût et de leur impact environnemental l’ensemble du cycle de production avec prise en compte du rendement des différents dispositifs susceptibles d’être déployés

• Les investissements dans la production d’électricité doivent se faire en priorité dans le renforcement et le renouvellement suffisamment anticipé du pilotable décarboné compétitif pour la production d’électricité (hydraulique, nucléaire, systèmes de production d’électricité décarbonée couplés  à du stockage dans les batteries et de la production variable d’hydrogène) en prenant en compte en premier lieu les nouveaux besoins de la mobilité et de l’industrie. En volume, le retour, en toute sûreté, d’une disponibilité du parc nucléaire français autour de 75% permettrait déjà de dégager une centaine de TWh par rapport à la situation de 2022.

• les programmes massifs de production intermittente d'électricité tels qu’aujourd’hui prévus, et dont la variabilité peut être significativement supérieure à celle de la demande, peuvent appeler en conséquence à des dispositifs complémentaires coûteux de flexibilité et de compensation, et de nécessaires coûteuses adaptations du système électrique. Ils peuvent dans ce contexte ne plus apporter de valeur ajoutée particulière pour la décarbonatation du système énergétique en France voire en Europe et doivent en conséquence être réinterrogés.