En parcourant ce matin du jeudi 24 octobre 2024, en France, les sites internet du Monde, du Figaro, et le journal papier Ouest France, je n'ai trouvé aucune ligne d’actualité du jour ( hors l'annonce datant de quelques jours) sur le déroulement et le contenu du 16ième sommet des BRICS à Kazan en Russie. Mais peut-être ma lecture a-t-elle été trop rapide !
Pourtant, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Éthiopie, l’Iran et l’Arabie saoudite ont rejoint cette année les BRICS fondés au départ par le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud.
La population de cet ensemble dépasse très largement celle du G7.
Le taux de croissance moyen des économies des BRICS en 2024-2025 devrait être de 3,8%, tandis que le taux de croissance du Produit Intérieur Brut mondial devrait se situer entre 3,2 et 3,3%.
La part des pays des BRICS en parité de pouvoir d’achat à la fin de 2024 sera de 36,7%, ce qui dépasse largement la part des pays du Groupe des Sept – cette part était de 30% à la fin de 2023.
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva (par liaison vidéo), le président égyptien Abdelfattah Sisi, le Premier ministre indien Narendra Modi, le président iranien Massoud Pezechkian, le président chinois Xi Jinping, le président des Émirats arabes unis Mohammed bin Zayed Al Nahyan, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, le président sud-africain Cyril Ramaphosa et le président russe Vladimir Poutine, ont tenu une réunion le 23 octobre 2024 dans le format élargi du sommet des BRICS.
Quel sens donner à ce black-out médiatique en France sur une telle réunion ?
Certes, la cohésion et les finalités de ce regroupement des BRICS demeurent sujet à discussion. L'absence visiblement concertée en France de prise en considération de cet événement, pourtant majeur dans l'actualité mondiale, révèle de fait une très grande inquiétude, voire une profonde faiblesse d’ordre politique.
Nous vivons aujourd’hui une crise de longue date en Ukraine, a minima depuis 2014 et dans le Moyen Orient, depuis des dizaines d’années. ces crises sont susceptible à tout instant de sombrer dans une très dangereuse escalade de guerre qui serait catastrophique pour toutes les parties engagées dans ces conflits.
Dans l’agenda international, l’issue de ces conflits en cours en Ukraine et au Moyen Orient, mais aussi les toutes prochaines élections US de début novembre, les profonds déficits publics et les instabilités monétaires en conséquence introduisent certes de profondes incertitudes, de fortes inquiétudes et une focalisation médiatique légitime.
Toute perspective d’une nouvelle architecture mondiale multipolaire vers plus de respect mutuel, de paix, de coopération, de stabilité et de développement durable ne peut cependant pas être ignorée. Sans pour autant tomber dans la naïveté de penser que la défense des intérêts de chacune des parties n’a aucune place dans les relations internationales.
Aussi, la France ne saurait ignorer ce qui se passe du côté des BRICS.
Des initiatives de dialogue auprès des BRICS doivent être entreprises, par le G7. A défaut, par l’Union Européenne. A défaut, par la France elle-même au regard de ses propres intérêts et de la responsabilité qu’elle porte : puissance agricole, deuxième puissance maritime mondiale, deuxième puissance nucléaire civile mondiale, membre permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies, etc…
Les sujets de coopération ne manquent pas :
- La lutte conjointe et partagée contre le risque climatique mondial et la préservation de la biodiversité
- La sécurisation collective de l’approvisionnement en ressources naturelles pour les générations actuelles et futures
- L’accès à l’alimentation, à la santé, à l’éducation pour les populations les plus démunies
- La progression et le partage de la connaissance scientifique
- La gestion partagée des infrastructures d’intérêt général, internet, routes maritimes, couloirs aériens et spatiaux, accès à l'énergie…
- Les questions de sûreté nucléaire, qui doivent présider aux enjeux géopolitiques, alors que tous les pays des Brics sont engagés dans un développement du nucléaire civil
- Les conditions d’exercice d’un commerce équitable à travers le monde
- La lutte contre les risques de marchandisation des corps, de trafics humains, de corruption et d’atteinte aux droits fondamentaux, qu’ils portent sur la personne humaine ou sur les peuples
- La préservation et la promotion de la diversité des héritages culturels …