Bactéries miroir: une exigence éthique de transparence

De l’exigence éthique de transparence sur les expérimentations en cours à travers le monde de « bactéries miroir ».

« Les recherches sur les « bactéries miroir », formes de vie hypothétiques créées à partir de molécules de chiralité inversée, suscitent une controverse mondiale parmi les scientifiques. Ces organismes, bien que prometteurs dans certaines applications, posent des risques potentiels si élevés que trente-huit chercheurs de renom appellent à une interdiction temporaire de leur développement. Leur appel met en lumière des implications éthiques, environnementales et sanitaires complexes…

Ces bactéries miroirs, en échappant aux mécanismes immunitaires naturels, pourraient représenter une menace inédite pour les écosystèmes et la santé publique.

Dans la nature, les protéines et les sucres suivent une orientation spécifique, essentielle à leur interaction biologique. Les protéines sont composées d’acides aminés « gauchers », tandis que les sucres adoptent une configuration « droitière ». Inverser cette chiralité aboutirait à des organismes fondamentalement distincts. Ils seraient incapables de dialoguer biologiquement avec les formes de vie naturelles. Comme l'indique le rapport, ces bactéries ne pourraient être reconnues ni par le système immunitaire humain ni par les prédateurs microbiens habituels, telles que les phages et les protistes. Ce cloisonnement biologique radical rendrait ces entités potentiellement invisibles et invulnérables aux mécanismes naturels de contrôle et de régulation. »

https://www.science-et-vie.com/corps-et-sante/bacteries-miroir-risques-biologiques-extremes-pour-la-vie-sur-terre-un-appel-mondial-des-scientifiques-pour-stopper-la-recherche-186460.html

Publication du 12 décembre 2024 dans la revue Science

« Confronting the risks of mirror life »

https://www.science.org/doi/10.1126/science.ads9158

« All known life is homochiral. DNA and RNA are made from “right-handed” nucleotides, and proteins are made from “left-handed” amino acids...”

La chiralité (du grec χείρ, kheir : main) est une importante propriété reliant les notions de symétrie et d'orientation, intervenant dans diverses branches de la science.

Un objet ou un système est appelé chiral s’il n'est pas superposable à son image dans un miroir.

La chiralité peut être observée dans une forme géométrique d’un objet, plus ou moins petit ou grand, une simple molécule ou un corps constitué de multiples composantes élémentaires. Exemple de la main.

Elle peut aussi être caractérisée dans un système dynamique ou une onde en mouvement, par exemple avec la polarisation circulaire du champ électro-magnétique.

Elle peut aussi être mise en évidence au cours de la désintégration ou de la transmutation au sein des atomes ou des particules élémentaires, par exemple dans la radioactivité dite beta impliquant des forces d’interaction dite faible.

Les causes et origines des phénomènes associés à la chiralité demeurent grandement méconnus. Notamment dans la matière organique et tout le milieu vivant incluant le patrimoine génétique, milieu dans lequel des observations étonnantes et encore très largement inexpliquées peuvent être constatées, comme celles décrites plus haut dans les articles cités.

La nature des interactions et des échanges d’énergie, la prise en compte des phénomènes de rotation et des comportements induits dans la matière, et les rapports de dépendance entre les composantes fondamentales élémentaires et la dynamique des systèmes les plus complexes appellent à conjuguer et de nouvelles observations spécifiques, et des représentations théoriques nouvelles. La recherche fondamentale sur la connaissance des phénomènes physiques et biologiques de base a encore du travail devant elle pour tout ce qui relève des phénomènes associés à la chiralité.

Comme dans d’autres domaines (exemple de la gravitation utilisée tous les jours) où la connaissance fondamentale est limitée – l’absence de compréhension de la nature profonde des phénomènes en œuvre, ne suffit pas à en interdire toute application.

Pour autant, ces applications, voire de nouvelles expérimentations, ne sauraient être réalisées n’importe comment.

En limite de la connaissance scientifique, la primauté de la recherche fondamentale doit être respectée, même si parfois, la recherche appliquée peut contribuer à ouvrir de nouvelles perspectives. La finalité première de la recherche fondamentale, indispensable, doit demeurer dans la progression de la connaissance scientifique partagée, au service de l’intérêt général et du bien commun. La survie de l’humanité et celle de notre environnement relèvent de l’intérêt général et du bien commun.

La recherche appliquée ne saurait prétendre vouloir s’exercer quant à elle en dehors d’une approche de prévention des risques d’exposition de la population avec des dispositions expérimentales particulièrement aventureuses, en dehors du domaine de connaissance scientifique.

La transparence sur la nature des expérimentations susceptibles d’être ainsi menées autour des bactéries miroir, et plus largement de la chiralité, en tout point du globe, en limite du domaine de connaissance, tant par la recherche fondamentale que par la recherche appliquée, s’impose en conséquence.

Cette transparence doit porter sur les auteurs, les lieux,  les objets de ces expérimentations, les mesures préventives prises au regard des risques identifiés.

Cette exigence, qui relève en premier lieu d’une responsabilité éthique au regard des générations présentes et futures, doit présider à tous les enjeux géopolitiques. Elle ne saurait être atténuée au profit de quelques intérêts particuliers, aussi conquérants ou puissants voudraient-ils vouloir s’imposer.

Et science sans conscience n’est que ruine de l’âme nous disait Rabelais.

Ne tuons pas notre âme.

Exigeons cette transparence, au croisement de la science et de l’éthique.