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Le blog de Malicorne

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Journal d'un citoyen français, militant de la vie et de la liberté


Energie où allons nous? Quelques repéres ... 12 ième édition de la Conférence à Dompierre-sur-mer

Publié par Bernard Maillard sur 4 Mars 2025, 10:08am

Catégories : #Economie, #Géopolitique, #politique, #énergie

Douzième édition de la conférence  « Energie où allons nous ? Quelques repères… »  tenue le 4 mars 2025 à Dompierre sur mer en Charente Maritime, à l'initiative du Comité Associatif de la Promotion de la Ruralité , de l'Environnement et de la Solidarité en Aunis. 

Elle a permis d'aborder notamment les points suivants :

  • La France, 6,5 MWh par habitant et par an, en grande similitude avec l’Europe, subit, malgré un très léger rebond en 2024, depuis cinq ans une décroissance marquée, ni choisie, ni maitrisée, dans la demande en électricité. Cette décroissance suit une période d'une dizaine d'années de très faible décroissance dans la demande en électricité. Ceci nous ramène 20 ans en arrière dans l'accès en volume à l'électricité en France. 
  • La  demande instantanée en électricité varie quant à elle en France dans un rapport au plus de 1 à 3 tout au long de l'année (minimum 29331 MW le 12 mai 2024 et maximum 83 781MW le 10 mai 2024) , avec un maximum historique de 102 098 MW qui remonte à ce jour à 2012. 
  • Les nouveaux besoins de substitution des énergies fossiles ( gaz et pétrole), polluantes et coûteuses (facture gaz sur 12 derniers mois à fin novembre 2024 de 18 Milliards d'euros et pétrole de 47 Milliards d'euros) , se situent de manière privilégiée 
    • dans le résidentiel/tertiaire ( besoin dans les dix prochaines années pour les pompes à chaleur complémentaires d'une puissance complémentaire en pointe de 5 GW, de l'ordre de 5% de la puissance appelée, 
    • dans la mobilité et l'industrie. la moitié du parc automobile électrifié représente un nouveau besoin en volume de 35 TWh, les besoins identifiés d'ici dix ans pour la production d'hydrogène décarboné représentent 65 TWh. 
  • Ces nouveaux besoins, en parallèle de toutes les mesures d'efficacité énergétique à poursuivre et à amplifier, peuvent être couverts en partie par la balance aujourd'hui largement exportatrice (89 TWH en 2024 rapportant 5 Milliards d'euros). La couverture à terme des nouveaux besoins pose la question du renouvellement et de l'adaptation du parc de production d'électricité. 
  • La situation de l'Europe est désormais isolée, avec une croissance de la demande en électricité dans le monde respectivement de 2,4 % en 2022, de 2,3 % en 2023 et de 4,3  % en 2024.
  • La Chine qui précède l’Europe déjà depuis 2022 dans l’accès à l’électricité par habitant, (7,1 MWh par habitant en 2024) continue sa dynamique singulière de progression qui demeure très soutenue, comme dans toute l’Asie du Sud Est.
  • L’Afrique, 0,5 MWh par habitant et par an, et 600 Millions d'habitants sans accès à l'électricité, demeure encore très largement en retrait dans l’accès à l’électricité par habitant, alors que celle-ci apporte des éléments essentiels pour la chaine du froid et l’alimentation, la santé, l’accès à l’information et à l’éducation, le soutien au développement de l’industrie et des services.
  • La France dispose d’une production d’électricité décarbonée (23 g de CO2 par kWh en 2024), adaptée à la demande en électricité en puissance appelée qui varie au plus de 1 à 3 tout au long de l'année, et compétitive (balance commerciale positive en électricité de 5 milliards d’euros sur les douze dernier mois). Elle le doit à son parc pilotable hydraulique (6 g de CO2 par kWh) et nucléaire (4 g de CO2 par kWh)  existant.  A l’inverse dans de très nombreux pays, en Europe, à commencer par l’Allemagne(452 gCO2 par kWh en 2024), comme à travers le monde, aux US (320 g CO2 par kWh en 2024) ou en Asie (565 G CO2 par kWh en Chine - 730 g CO2 par kWh en Inde)  , la production d'électricité par le gaz (418 g de CO2par kWh)  et le charbon (1060 g de CO2 par kWh), très fortement carbonés, et toujours en progression en volume en 2024 à travers le monde, représentent encore une part trop dominante dans la production pilotable d’électricité. Ceci est particulièrement préjudiciable pour la nécessaire lutte prioritaire contre le risque climatique et pour la sécurité d'approvisionnement.
  • Le développement de la production intermittente d'électricité peut être qualifié de massif des que la capacité installée dépasse les 30 % de puissance installée  (ce qui est dorénavant le cas en France avec 13 % pour le photovoltaïque, 16 % par l'éolien, et une partie de l'hydraulique au fil de l'eau). Cette intermittence peut varier de façon aléatoire avec la météo dans des variations de 1 à 100 et plus ( En janvier 2022 l'éolien a varié en France entre 100 et 15 000 MW). ll est particulièrement coûteux pour le budget public  (5 milliards d’euros de soutien public dans le budget France 2025, renouvelé tous les ans...). Il pose désormais en Europe de redoutables problèmes de stabilité du système électrique. L’augmentation significative,  depuis maintenant plus de dix ans, des occurrences de prix négatifs sur le marché de l’électricité en Europe révèle un double gaspillage. Des incitations à consommer de la précieuse énergie avec des prix négatifs, et des investissements conséquents ( plusieurs centaines de milliards d'euros sont engagés en Europe dans le développement de la production intermittente) de fait inadaptés.  Cette augmentation des occurrences de prix négatifs révèle cette inadaptation annoncée et constitue un précurseur de la  montée du risque de black-out sur le système électrique européen.  Ce développement massif induit de très coûteux renforcements des réseaux électriques ( 37 Milliards d'euros annoncés dans le réseau de transport d'électricité par RTE en février 2025 pour un projet de raccordement de 22 GW d'éolien maritime). Les dispositions de compensation à l’intermittence peuvent être des moyens de stockage complémentaires, avec des rendements très variables.  Les nouveaux  moyens pilotables adaptés à de telles variations  d'intermittence de 1 à 100+  qui peuvent se produire dans des intervalles de temps très resserrés, doivent être adaptés à des sollicitations très rapprochées et très contraignantes. Ces nécessaires dispositions de compensation à l'intermittence conduisent à une augmentation inacceptable  des émissions de gaz à effet de serre et du coût, tant pour le contribuable que pour le consommateur d'électricité, sans aucune valeur ajoutée en conséquence de ce développement massif de l'intermittence dans la lutte prioritaire contre le risque climatique.
  • L’impérieuse nécessité de renforcer en priorité la fonction pilotable décarbonée d’électricité (hydraulique, stockage et nucléaire) conduit à devoir orienter les financements disponibles en priorité sur ces éléments, en France comme en Europe, sans plus tarder encore sur les nécessaires décisions d’investissement pour les nouveaux réacteurs EPR2 afin, a minima, de renouveler le parc nucléaire existant en France. Pour préserver la compétitivité du nucléaire, l'industrie française devra retrouver sa capacité industrielle à construire en moins de dix ans des nouveaux réacteurs, ce qu'elle a su réaliser il y a quarante ans, au moment de la réalisation du parc existant,  et ce que savent faire aujourd'hui les Chinois, les Coréens et les Russes.
  • Le développement du nucléaire à travers le monde et la mémoire des grands accidents nucléaires requièrent de préserver la priorité une dans la sûreté nucléaire, pour les réacteurs, comme pour l’ensemble du cycle du combustible nucléaire et le traitement ultime des déchets nucléaires. Ceci conduit, en France, en Europe, comme dans tous les pays, en particulier dans la trentaine de pays annoncés comme nouveaux entrants dans le nucléaire civil, à une nécessaire prise en compte du long terme dans la gouvernance publique, une attention spécifique pour le développement des compétences scientifiques et industrielles, et à une très large diffusion de la culture de sûreté nucléaire. A ce titre, en amont de toute considération d’ordre géopolitique, une ouverture et une coopération les plus larges possibles, au niveau mondial, entre tous les pays bénéficiant de l’énergie nucléaire pour des besoins civils, est requise.
  • L’envolée des prix de l’électricité pour le consommateur final en France depuis l’ouverture des marchés de l’électricité en Europe met en évidence une large spéculation et une destruction de valeur induite notamment par le rejet de la prise en compte de la valeur apportée par un service public efficient (en 2010, la France disposait de l'une des électricités les plus compétitives d'Europe, la facture TTC en électricité est passée pour le consommateur en France de 128 euros par MWh en 2010 à 195 euros le MWh en 2021). Cette destruction de valeur a été particulièrement amplifiée dans les années 2022/2023 marquée conjointement par des aléas industriels, des conditions météorologiques défavorables et un contexte géopolitique difficile. Cette destruction de valeur a coûté plus de 24 milliards d'euros au contribuable français.

Ces différents éléments mettent en évidence la nécessité de revoir en profondeur les politiques publiques, en France comme en Europe. Sans aucunement s’éloigner des nécessaires marques d’attention à la sobriété, à l’efficience et à la lutte contre toute forme de gaspillage, qu’il relève de décisions publiques ou privées. Et en préservant une large place à l’innovation avec tous les volets induits sur le plan social, économique, environnemental, technologique, et sociétal.

Les actions prioritaires proposées portent sur les points suivants :

- renouveler à temps, et sans plus attendre, le renouvellement et le développement des moyens pilotables de production pilotable décarbonée, adaptée aux variations de 1 à 3 de la demande en électricité.

- suspendre tout développement massif de production intermittente ( dont les variations sont de 1 à 100+ de manière aléatoire), sans aucune valeur ajoutée dans la lutte prioritaire contre le risque climatique, et qui introduit de nouveaux risques dans la sécurité d'approvisionnement

- disposer de régulations réintroduisant la prise en considération de la valeur ajoutée d'une service public efficient permettant l'accés de l'électricité au plus grand nombre, apportant la sécurité d'approvisionnement, avec des éléments fondés sur des approches économiques de long terme prenant en compte l'ensemble des incidences sociales, économiques et environnementales.

 

Ci-joints, les transparents présentés, le document support de travail, et la description de la Conférence, régulièrement mise à jour en fonction de l’actualité.

Cette conférence peut être reproduite à la demande de toute association ou organisation pour contribuer au débat public.

Après la première conférence tenue le 19 octobre 2022 à Saint Germain-en-Laye, cette conférence a depuis été actualisée et donnée à travers la France, à la demande de diverses associations, en différents lieux, à Lyon, Cherbourg en Cotentin, Aix en Provence, Paris, Plouzane en Bretagne, Millau dans l’Aveyron, Pée sur Nivelle dans le Pays Basque, Melle dans les Deux-Sèvres, et Dompierre sur mer en Charente maritime.

 

Pour retrouver tous les articles du Blog de Malicorne portant sur l'énergie

https://malicorne.over-blog.com/tag/energie/

Emeissions des gaz à effet de serre par la production d'électricité en 2024, source electricity map

Emeissions des gaz à effet de serre par la production d'électricité en 2024, source electricity map

Transparents présentés lors de la conférence du 4 mars 2025 à Dompierre sur mer

Description de la conférence, reproductible à la demande de toute association ou divers organisme

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