Non à l'engagement militaire de Renault en Ukraine

A déjà été mentionnée dans ce blog la dangerosité d'une confusion entre activité militaire et civile. 

https://malicorne.over-blog.com/2024/03/pour-retrouver-en-france-la-necessaire-separation-du-nucleaire-civil-et-militaire.html

Le Gouvernement Français, en voulant  impliquer un constructeur automobile dont le siège est en France ( Renault en l’occurrence) dans de la production d’armes sur un théâtre de guerre de très haute intensité (Ukraine) commet de nouveau une double  et très lourde erreur stratégique.

1/ La France n’est pas en guerre. Dans une telle situation, qui signifierait une déclaration préalable de guerre au Parlement – ce qui n’’est pas le cas à ce jour – les éléments exprimés ici  seraient d’une autre nature. 

2/ la confidentialité est un élément  fondamental  de défense en profondeur pour toute question de défense nationale.  

Toute entreprise, au regard de son propre patrimoine humain et industriel, peut déjà disposer de dispositions propres pour la protection de  son propre patrimoine, en lien avec les Pouvoirs Publics. De telles  dispositions, tournées vers la protection de son propre patrimoine, notamment humain et savoir-faire industriel, ne constituent pas en soi des dispositions suffisantes pour engager des activités tournées vers la défense nationale.

Mobiliser ces dispositions propres peuvent les détourner de leur premier objectif opérationnel, notamment en matière de protection de son savoir- faire industriel dans un contexte hyper concurrentiel et international.

3/ Introduire dans une entreprise civile le déploiement conjoint d’activités civiles et militaires induit des dispositions opérationnelles complémentaires pour garantir la séparation humaine et opérationnelle des activités et la protection des données sensibles au titre de la défense nationale.

Autant il apparait possible, dans une entreprise créée au départ pour la défense nationale, de créer une division civile, en faisant bénéficier de l’activité civile des compétences déployées avec des dispositions de protection des données sensibles de défense nationale. Autant il apparait difficile d’introduire de telles dispositions dans une entreprise aux activités internationales déjà déployées.

La protection d’un savoir- faire industriel et celle d’une donnée de défense nationale nécessitent en effet des approches certes cohérentes au niveau de la direction générale, mais nécessairement séparées dans le déploiement opérationnel pour des entreprises engagées conjointement dans des activités de défense nationale et de développement international.

4/ Engager dans la précipitation une entreprise civile dans un  théâtre de guerre de très haute intensité expose leurs travailleurs, et/ou leur expertise, et/ou leur capacité industrielle par un détournement de leur focalisation opérationnelle sur leur propre activité de départ.

 C’est un élément de fragilisation de ce patrimoine qui impacte profondément les risques de l’entreprise et donc sa gouvernance.

Les nouvelles compétences devant être nouvellement et rapidement acquises dans un tel contexte exigeront un lourd travail à tous les niveaux de l’entreprise et un détournement opérationnel en conséquence des compétences disponibles et de la gouvernance de l'entreprise. Adaptées au temps de guerre et aux activités miltaires, ces nouvelles compétences pourront garder leur utilité et  leur spécificité, mais nécessiteront un accompagnement spécifique pour leur transposition dans le domaine civil.  

Les partenaires sociaux et les fonctions de gouvernance de l’entreprise doivent en conséquence être doublement engagés dans une telle  lourde transformation.

5/ La priorité doit rester à la poursuite du dialogue entre l’Ukraine et la Russie, et à la préservation et à la consolidation, non la fragilisation, de nos propres ressources de défense nationale.

Une telle nouvelle et dangereuse escalade dans l’engagement de la France dans le conflit en Ukraine, si cet investissement industriel devait être confirmé en Ukraine, peut conduire à rendre de fait la France belligérante.

Ceci est de nature à fragiliser profondément notre propre défense nationale. 

6/ Les questions de défense nationale sont des questions de long terme intéressant l’ensemble des citoyens

La stricte et plus large possible séparation entre activités militaires et civiles constitue un élément de robustesse de notre défense nationale. Cela n'enlève en rien l'enjeu d'une culture de défense nationale la plus largement partagée, tant pour les acteurs dédiés aux activités de défense, que pour tout civil. 

La vigilance citoyenne est plus que jamais requise.

Menhir mouillé de la Rivière de Pont Labbé, Pays Bigouden, juin 2025