En se plaçant du côté de la demande en électricité : …
Aucun développement ou placement massif ces dernières années de l’usage en France de l'électricité décarbonée malgré un développement déjà massif en France et particulièrement coûteux de la production intermittente, éolienne et photovoltaïque, et désormais largement excédentaire en Europe.
Qu'en conclure? Une nécessaire remise en cause en France de ce développement massif et désormais inutile voire contreproductif dans la lutte prioritaire contre le risque climatique.
Nous pouvons constater en effet une absence généralisée de la croissance de la demande en électricité depuis 2010, avec une décroissance marquée de la demande en électricité sur les dernières années au-delà de la période Covid :
Source conjoncture énergétique mensuelle de mai 2025, publiée le 11 Juillet 2025
https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/conjoncture-energetique-mensuelle-mai-2025-0
Avec 88 % de la demande totale en énergie électrique appelée par rapport à 2010.
Avec en particulier une chute à 70 % de la puissance appelée en 2025 par rapport à la demande appelée en 2010 en haute tension, qui est associée par ailleurs à une désindustrialisation particulièrement prononcée de la France.
Avec 90 % pour la moyenne tension, ce qui illustre l’absence par ailleurs de croissance pour l’artisanat, les TPE, les PME…
Avec 94 % de la demande en basse tension , ce qui traduit l’absence de valorisation de l’électricité décarbonée dans le bâtiment et le tertiaire , notamment via les réglementations thermiques et les diagnostics de performance énergétique qui « plombent » encore et toujours l’électricité dans le bâti en préservant des privilèges spécifiques et abusifs pour le gaz importé et hyper carboné.
Cette décroissance de l'énergie électrique appelée depuis 2010 s'est faite en parallèle d'une montée en puissance de la production éolienne et photovoltaïque, respectivement à 15 g de CO2 le kWh et 55 g de CO2 le kWh, au détriment du nucléaire à 4 g de CO2 le kWh, avec en 2020 la fermeture anticipée de Fessemheim à la demande des Pouvoirs Publics, (12 TWh par an), et des baisses de charge de la production nucléaire pour laisser la place au renouvelable.
évolution de la production nucléaire, éolienne et phtovoltaïque en France de1995 à 2024, (provisoire pour 2025), source RTE
Et pourtant,
Et pourtant, l’équipement désormais massif en France (16 % de la puissance installée avec 25 996 MW pour le photovoltaïque à 55 g de CO2 par kWh et 15 % de la puissance installée avec 24 465 MW pour l’éolien à 15 g de CO2 par kWH au premier mai 2025 ) et particulièrement coûteux pour la puissance publique ( 40 Milliards dépensés sur le budget public pour aider le développement du renouvelable en métropole depuis les années 2000, 114 milliards de nouveaux engagements de soutien public à fin 2024, 6,2 milliards d’euros de subventions dans le budget France, 2025), aurait dû conduire à une pénétration massive en conséquence de l’électricité décarbonée durant cette période au détriment du gaz ou du pétrole dans l’économie française.
Et pourtant,
L’électricité française, grâce à la production pilotable décarbonée, à 4 g de CO2 par kWh par le nucléaire et 6 g de CO2 par kWh, par l’hydraulique, toutes deux non subventionnés, demeure l’une des électricités les plus décarbonées d’Europe, 24 g de CO2 par kWh sur les douze derniers mois à fin juin 2025 , à comparer aux 133 g de CO2 par kWh pour le Royaume Uni, 150 g de CO2 par kWh pour l’Espagne, 206 g de CO2 par kWh pour l’Italie du Nord, 230 g de CO2 par kWh pour l’Allemagne…
émissions par pays de gaz à effet de serre pour la production d'électricité sur les douze derniers mois, juin 2025
source des émissions de gaz à effet de serre par pays pour la production d'électricité sur les douze derniers mois
https://app.electricitymaps.com/map/72h/hourly
A noter que les pays comme la France qui disposent d’une électricité hyper-décarbonée sont ceux qui disposent d’une électricité pilotable décarbonée comme l’hydraulique ou le nucléaire. Une forte concentration , dépassant les 30 pour cent de capacité installée, de production intermittente éolienne et/ou photovoltaïque, non adaptée aux variations de la demande en électricité qui varie en France en puissance appelée dans un rapport limité de 1 à 3 tout au long de l’année, induit des dispositions coûteuses de renforcement des réseaux électriques et de compensations à l’intermittence et a un impact de fait à considérer sur les émissions de gaz à effet de serre ( notamment en devant mobiliser des moyens pilotables complémentaires au gaz ou autres).
A noter également que la régulation absurde des marchés de l’électricité en Europe peut conduire à devoir faire baisser en France dans la journée 10 000 MW de nucléaire non subventionné à 4 g de CO2 par kWh pour laisser de la place à de l’éolien subventionné à 15 g de CO2 le kWh, voire du photovoltaïque subventionné à 55 g de CO2 par kWh, voire de l’importation de l'électricité à plus de 100 g de CO2 le kWh !!!!
Malgré toutes ces contraintes, qui ont chacune un coût, financier, social et environnemental, l’électricité française demeure encore - pour combien de temps, et avec quel bénéfice pour les ménages et les entreprises? - l’une des plus compétitives :
Solde positif dans la balance commerciale de l’électricité de 5,8 milliards d’euros sur les douze derniers mois à fin avril 2025 à mettre en perspective avec la facture gaz 18,1 milliards d’euros et la facture pétrole 43,9 Milliards d’euros (source conjoncture mensuelle énergétique référencée ci-dessus)
Avec des prix à la baisse sur les marché de gros de l’électricité, sur EEX futures le 11 Juillet 2025 : (Source https://www.eex.com/en/market-data/market-data-hub/power/futures )
Ruban 2026 : 65,5 euros le MWh
Ruban 2027 : 63,4 euros le MWh
D’où l’importance
1/ de soutenir par toute mesure publique (détaxation, fiscalité favorable, réglementation…) le placement de cette électricité hyper-décarbonée française, que ce soit au niveau des logements, du tertiaire, des services, de l’artisanat, des TPE/PME, de la moyenne et lourde industrie, des transports collectifs et individuels…. Ceci conduira à soutenir l’économie française, à soutenir le pouvoir d’achat et la compétitivité des entreprises françaises, à créer de la valeur en France et à faire baisser effectivement les émissions totales de la France, en incluant celles induites par les importations de biens et de services
2/ de remettre en France la priorité une des politiques publiques d'investissement sur le pilotable décarboné pour la production d’électricité (hydraulique et nucléaire) de la France pour garantir la pérennité en France dans le temps de cette électricité hyper-décarbonée (moins de 6 g de CO2 le kWh) et compétitive
3/ d’alléger le budget public et d'éviter toute subvention, tout coût supplémentaire à la filière électrique et toute taxation pour le soutien du développement d’une production intermittente, éolienne ou photovoltaïque, désormais excédentaire, inutile et contreproductive en France :
- qui coûte en 2025, en subvention de soutien, 6,2 milliards d’euros dans le budget public France et 7,6 Milliards d'euros en prévisionnel pour 2026 (cf Délibération CRE 2025-80 du 10 juillet 2025 sur les charges de service public de l'énergie). Les dépenses complémentaires de soutien public pour les nouveaux engagements prévus dans le projet actuel de décret PPE 3 seraient de 47 à 76 milliards d’euros pour le soutien public au solaire photovoltaïque, 22 à 28 milliards d’euros pour l’éolien à terre et de 25 milliards d’euros pour l’éolien en mer. Il conviendrait de connaitre les provisions établies dans le budget public pour couvrir les engagements à fin 2024 (114 milliards d’euros) et les nouvelles dépenses (145 milliards d’euros) prévues dans le projet de décret PPE 3, uniquement pour le soutien aux investisseurs, soit un cumul de 259 milliards d’euros dans le budget public de la France... https://malicorne.over-blog.com/2025/04/du-necessaire-abandon-du-projet-actuel-de-decret-sur-la-ppe-3-programmation-pluriannuelle-de-l-energie-2025-2035.html
- qui impose de très lourds et coûteux investissements d’adaptation dans les réseaux d’électricité (37 milliards d'euros demandés par RTE pour raccorder 22 GW d'éolien maritime encore prévus dans le projet de décret PPE 3...)
- qui est non adaptée aux profils de la demande en électricité
- qui impose en conséquence de coûteuses compensations à l’intermittence, compensations dont l’impact sur les émissions de gaz à effet de serre doit être considéré
- qui est aujourd’hui largement excédentaire en Europe (cf les occurrences de prix négatifs de l’électricité sur les marchés spot de l’électricité en très forte augmentation),
- qui est désormais profondément déstabilisatrice pour la sûreté du système électrique , avec une augmentation des occurrences de prix négatifs sur le marché spot de l’électricité en Europe qui ne peut plus être ignorée comme un signal précurseur de l’augmentation de risque de black-out dans toute l’Europe
- qui n’apporte de fait aucune valeur ajoutée en France dans la lutte prioritaire contre le risque climatique et le placement de l’électricité décarbonée
4/ de réinterroger en conséquence toutes les réglementations européennes constituant une entrave à ces dispositions nécessaires pour la France , en premier lieu les réglementations européennes conduisant à un placement prioritaire en France de la production intermittente, éolienne ou photovoltaïque, et qui vont à l’encontre du pouvoir d'achat, de la compétitivité de la France et de la nécessaire lutte prioritaire de la France contre le risque climatique.
article mis à jour le 3 août 2025
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