Le déluge de violence et de feu qui nous envahit finira par s'éteindre. Après la guerre, dans laquelle, France, nous sommes aujourd'hui partie prenante, viendra le temps de la paix. Que la trêve fragile en cours en Syrie, et la résistance victorieuse contre la barbarie, soient le prélude de cette paix. C'est ce temps-là de paix qu'il nous faut bâtir, sans naïveté ni fatalisme. Après les guerres fratricides et les horreurs qui les ont accompagnées, les pays européens ont tenté au siècle dernier de bâtir l'Europe.
La violence de la barbarie, du chômage, et de la guerre n'a malheureusement pas été durablement écartée. Les barbaries en cours tout au long du pourtour méditerranéen et en Europe nous interpellent. Les banqueroutes financières et les désastres environnementaux à l’échelle de la planète demeurent devant nous et s’amplifient.
Le projet européen n'est plus aujourd'hui qu'un mirage désuet et inapproprié au regard de la réalité désormais présente en Europe et dans l'ensemble du pourtour méditerranéen. Petit à petit, il se transforme en vaisseau fantôme d’un empire qui se prétendrait mondial, devenu fou, bureaucratique et totalitaire.
Il nous faut bâtir un espace de paix et de développement plus large que la simple Europe. Un espace euro-méditerranéen qui s’appuierait sur notre proximité, en puisant dans l'histoire de nos malheurs les leçons de nos erreurs passées. Et en affirmant la confiance retrouvée dans l'homme et dans sa capacité à vivre en paix en société, comme cela a déjà été possible dans des temps plus reculés.
Dans la perspective de cette paix, la liberté de penser, de circuler, et de commercer doit concilier le respect et l'aide du plus faible. Cette harmonie entre la liberté et l'entraide constitue le bien commun primordial d'une société civilisée dont l'intérêt général prioritaire est de pouvoir la préserver sur la durée. La paix et le bien être ensemble reposent alors par l'action de chacun dans cette nécessaire harmonie entre la liberté et l'entraide, et dans la prise en compte de l’intérêt général qui y est associé.
Il en résulte la nécessaire primauté du politique porteur de l'intérêt général devant l'économique et le financier. Ces derniers sont nécessaires et utiles dans la société mais ne peuvent constituer celle-ci par leurs seules existences. Ainsi, chaque personne doit pouvoir apporter en toute liberté sa propre valeur ajoutée dans la constitution harmonieuse de la société et dans la gouvernance politique de celle-ci.
De même chaque État Cité/Nation bâti progressivement par son propre peuple constituant et par son histoire, doit pouvoir apporter par lui-même sa propre contribution dans la protection de l'harmonie entre les libertés et l'entraide, et dans sa pérennité dans le temps.
Dans le même temps, la gouvernance démocratique et politique doit être capable de faire barrage à toute corruption et à toute concentration excessive de pouvoirs.
C'est dans cette gouvernance politique, reconnaissant la valeur ajoutée de chaque personne et la primauté des peuples constituants pour garantir durablement l'exercice conjoint et harmonieux des libertés et de l'entraide, que nous devons concevoir et bâtir l'espace politique euro-méditerranéen de demain.
Cet espace sera établi dans la liberté et la solidarité entre cités/nations souveraines et fondé sur les principes et objectifs suivants :
1/ faciliter le soutien à l'établissement et à la pérennité de tout Etat laïque et démocratiquement constitué, assurant conjointement la protection et le respect de la liberté de chacun, et le portage de l’intérêt général.
Pour un pays comme la France, cela passe par une reprise en main énergique mais démocratique et républicaine de son destin.
L’éradication des dettes publiques permettra de consolider la primauté du politique sur le pouvoir économique et financier.
La libre entreprise et la libre association seront reconnues comme facteurs de création de valeur, tout comme les missions d’intérêt général portées par les administrations et les entreprises publiques.
2/ développer toute coopération librement constituée entre Etats souverains, en premier lieu celles portant sur:
- l'éducation
Faciliter l’accès gratuit et généralisé aux savoirs fondamentaux
- la recherche scientifique
Promouvoir les gouvernances publiques facilitant des choix scientifiques et techniques respectant la dignité humaine et la liberté des générations futures
Faciliter la mise en place et le déploiement de programmes de recherche d’intérêt commun
- les infrastructures communes et mutuellement partagées d'énergie, de transport, de communication, de santé ,,,, Les infrastructures gérées en missions d’intérêt général faciliteront l'accès aux services vitaux, d'eau, d'électricité, d'alimentation et de soin en tous lieux du territoire.
L'interconnexion électrique, qui réunit aujourd'hui le Maghreb à l’Europe sera activement poursuivie sur l’ensemble du pourtour méditerranéen. Elle permettra de valoriser et mutualiser les productions locales et les investissements dans les énergies décarbonées, renouvelables et nucléaires.
Les bases de données et les systèmes de partage et de diffusion de l'information et de la connaissance seront redondants pour faciliter la mise en partage, la robustesse et la sécurité des données.
La libre circulation des biens, des services et des personnes, et le développement industriel et des entreprises au sein de l’espace euro-méditerranéen seront promus.
- l'exploitation raisonnée et responsable des terres, de la mer, de l'espace L'exploitation et la préservation de la Mer Méditerranée, et de toutes les mers bordant l’Europe et les territoires outre-mer feront l’objet de coopérations prioritaires facilitant le développement durable et l’ouverture au monde.
L’agriculture et l’élevage seront reconnues comme des activités facilitant la vie et la pérennité des territoires, même les plus isolés ( espace rural, montagnes, îles, …)
La découverte et l’exploration progressive du système solaire constitueront un lieu privilégié de la coopération mondiale, scientifique d’abord mais aussi industrielle, pour laquelle des compétences spécifiques seront développées au sein de l'espace euro-méditerranéen. - la lutte contre toute corruption et le terrorisme
Tout support et tout lien financier avec les paradis fiscaux seront supprimés
- l'alliance militaire sur l'espace euro-méditerranéen pour préserver la paix et le développement
Aucune alliance extra territoriale ne sera constituée ou renouvelée sans l'assentiment explicite et régulièrement approuvé des peuples concernés.
3/ ouverture et coopération mondiale Ouverture à tout mode de concertation et de coopération au niveau mondial sur la base des principes développés au sein de Espace euro-méditerranéen, celui-ci n'ayant en aucune façon l'exclusivité de la négociation ou de la concertation. Seuls les Etats souverains peuvent engager leurs peuples. Promotion de la paix, de la coopération et du développement raisonné et respectueux des générations futures au niveau mondial.
4/ identité culturelle du nouvel espace Euro-méditerranéen L'identité ne se résume pas à une gouvernance partagée ou à une liste de projets communs, aussi enthousiasmants soient-ils. Elle repose également sur la place donnée à l'art, à l’imaginaire, à la création, comme à la reconnaissance de la diversité de l’expression et de l'élégance, de Damas à Paris, et de Tunis à Oslo. Elle repose aussi sur la mémoire des œuvres et des empires qui ont pu naître et disparaître tout au long du pourtour méditerranéen et en Europe ou à partir de l ´Europe et qui n'ont eu qu'un temps.
La façon d’être, d’agir, de penser et de vivre pourrait constituer l’âme de ce nouvel espace.
mis à jour le 3 avril 2016
et traduit en anglais
http://www.open-dialogues.over-blog.com/2016/04/the-dawn-of-a-new-euro-mediterranean-space.html
consulter les autres articles du Blog de Malicorne sur la Syrie