"most critical periods....massive oversupply...strong negative prices for electricity...high upward frequency deviation"
L'association des gestionnaires de réseau de l'Europe électrique interconnectée, ENTSOE, vient de publier son rapport annuel portant sur l'analyse du prochain passage de l'hiver 2013/2014, pour vérifier qu'à tout moment, la demande en électricité peut être couverte par la production d'électricité pour les centaines de millions de clients qui bénéficient de cette interconnexion électrique. Elle couvre toute l'Europe de l'Ouest et est raccordée au Maghreb par une liaison sous marine à travers le détroit de Gibraltar.
https://www.entsoe.eu/publications/system-development-reports/outlook-reports/
Si l'équilibre prévisionnel entre l'offre et la demande ne fait pas apparaitre de pénurie potentielle pour le passage de l'hiver prochain, une situation à risque est clairement identifiée de part la situation créée en Allemagne avec les productions intermittentes (pages 55 et 56 du rapport ci dessus référencé).
L'Allemagne, dispose désormais d'une puissance installée significative d'énergies intermittentes, 36 300 MWe en photovoltaïque, avec une augmentation de + 5100 MWe cette année, et 34300 MWe en éolien, avec une augmentation de 3700 MWe cette année.
La demande en pointe en cas de très grand froid est en Allemagne autour de 80000 MWe, et doit être couverte par d'autres moyens si cette pointe a lieu un soir au moment d'un anticyclone de grand froid. Un premier risque peut apparaître dans cette situation en cas de rupture dans l'approvisionnement de gaz pour alimenter les cycles combinés au gaz qui produisent de l'électricité en Europe.
Un deuxième risque peut apparaître avec le non respect des règles de sécurité dites du n-1 (le réseau ne doit pas être affecté par la perte soudaine de l'un de ses composants) sur le réseau allemand compte tenu des flux trop importants qui peuvent être générés par la conjonction d'une forte production éolienne dans le nord et d'une forte consommation dans le sud de l'Allemagne
Il y a enfin le risque de "black out" potentiellement induit par un surplus de production intermittente.
Le coût de la production de ces productions intermittentes, en euro par MWh, est très supérieur aux prix de marché (prix de marché autour de 50, éolien autour de 80, photovoltaïque à plus de 200 euro le MWh). Pour investir dans ces moyens de production, il a fallu accorder aux investisseurs des subventions qui sont couvertes par le consommateur allemand.
Or, la production photovoltaïque et éolienne, dépendant respectivement du soleil et du vent, peut être au total très largement supérieure aux besoins de la demande Allemande.
Dans un telle situation, après avoir saturé les interconnexions avec les pays voisins, la seule façon de maintenir l'équilibre ente l'offre et la demande est de couper la production des énergies intermittentes. Ne pas le faire conduit à créer un risque complémentaire sur le système électrique par augmentation de la fréquence électrique en cas de surproduction par rapport à la demande. En cas de dépassement d'un certain seuil, le déclenchement de tout le réseau, le "black out" est inéluctable.
Juste avant le "black out", une ultime action générée par le marché est engagée par les gestionnaires de réseau, les "tours de contrôle du trafic" . On introduit un signal négatif pour le prix de l'électricité, pour inciter à évacuer le surplus en poussant la consommation et à arrêter les ouvrages de production non subventionnés.
De telles situation reflètent un double gaspillage, incitation à consommer inutilement de l'énergie, et illustration d'un suréquipement en moyens de production intermittents alors que le réseau n'est pas adapté.
De telles situations, très instables, potentiellement précurseurs d'un black out électrique sur l'ensemble de l'Europe, ont déjà été constatées dix fois sur les douze derniers mois.
Cet article a été traduit en anglais le 30 décembre 2013 dans le blog "Notes and Dialogues"