Bernard Durand, ingénieur, chercheur et naturaliste, est ancien Président du Comité scientifique de l’European Association of Geoscientists and Engineers.
Dans cette lettre ouverte aux élus en date du 10 février 2024, Bernard Durand souligne les éléments qui conduisent à une nécessaire reinterrogation de tout développement massif de l'éolien en France:
- la production française d'électricité est déjà décarbonée,
- la très forte intermittence de l'éolien lui impose d'être associé à une production pilotable d'électricité pour éviter tout risque de black out (perte généralisée du réseau d'électricité)
- en cas de développement massif de l'éolien, la production pilotable aujourd'hui disponible en France, et assurée par l'hydraulique et le nucléaire, ne saurait pas suffire compte tenu de cette intermittence, ce qui conduirait à devoir faire appel à de la production pilotable complémentaire au gaz ou au charbon très fortement émissive de gaz à effet de serre, ce qui irait donc à l'encontre de la lutte prioritaire contre le risque climatique
- les coûts de développement du réseau électrique pour intégrer une très forte intermittence dans la production d'électricité et la production pilotable complémentaire qui est nécessaire de lui être associée
- le coût total, l'impact environnemental, notamment sur le littoral maritime, et la dépendance géopolitique induite d'un éventuel développement massif de l'éolien
- la nécessité en conséquence de devoir réinterroger tout engagement massif dans l'éolien. Un tel développement irait complétement à l'opposé de la nécessaire lutte prioritaire contre le risque climatique. Il viendrait de plus impacter notablement l'environnement, les activités locales, notamment de pêche, les finances publiques, et le pouvoir d'achat.